La surprise du chef
Lorsque Jacques Peyrat a convoqué une conférence de presse ce matin après avoir eu la confirmation de l'investiture de Christian Estrosi par l'UMP, on se doutait bien qu'il allait se passer quelque chose. En début d'après-midi, le microcosme qui depuis une semaine l'annonçait définitivement résigné a commencé à propager la rumeur : il sera finalement candidat. Et la confirmation est tombée à 17 heures devant un parterre de journalistes médusés.
Car celui qui dit aujourd'hui qu'il en était sûr est soit un menteur, soit quelqu'un de très mal (des)informé. Les journalistes les mieux introduits n'ont rien vu venir, au contraire. Et pour cause, plusieurs membres du cabinet du maire laissaient clairement entendre depuis une semaine que leur champion allait rentrer au stand. Il se peut que Jacques Peyrat ait volontairement désinformé ses collaborateurs, dont une partie espère être débauchée par Estrosi. Il se peut aussi qu'il ait pris sa décision au tout dernier moment.
Coup de bluff ou coup de poker, Peyrat le veux lion a fait une entrée tonitruante dans cette campagne. Et Christian Estrosi ne doit pas pavoiser ce soir. Il connait le pouvoir de nuisance de Jacques Peyrat quand il n'a rien à perdre. C'est toujours dans ces conditions qu'il donne le meilleur de lui-même.
Après l'avoir durement combattu pendant 12 ans, la gauche voit pour sa part en Peyrat son meilleur allié. Patrick Allemand peut de nouveau espérer une triangulaire où tous les espoirs seront permis. Quant à Patrick Mottard, si Peyrat s'était retiré, il aurait perdu son totem, l'homme qui lui a donné une vraie existence politique. Et si Estrosi était resté seul en piste à droite, sa position de dissident serait devenu totalement intenable.
En 2001, le slogan de la gauche était Basta Peyrat. Aujourd'hui ce serait plutôt Merci Peyrat.
*Photo avec l'aimable autorisation de Nice Rendez-Vous