Sondages : ça barde!
Les sondages de pré-campagne sont en train de créer une vive polémique entre les équipes de Jacques Peyrat et de Christian Estrosi. Le Canard Enchaîné révèle aujourd'hui que c'est sur pression du groupe Hersant que Michel Comboul et Nice-Matin ont dû publier vendredi dernier le sondage TNS Sofres donnant Christian Estrosi gagnant au 1er tour avec 51% des voix.
Or, il s'avère que Christian Estrosi a activement soutenu Philippe Hersant, imminent propriétaire du titre (on attend toujours le feu vert de l'autorité de la concurrence), lors de la procédure de rachat du Pôle Sud du groupe Lagardère. De bonne guerre lorsqu'on sait que le groupe Hersant possède par ailleurs une grande partie des titres de la France d'outre-mer... dont Christian Estrosi est le (sous-)ministre.
Le candidat de l'UMP a compris depuis longtemps que les journaux étaient des entreprises comme les autres. Nice-Matin bénéficie ainsi depuis qu'il est président du Conseil Général d'achats d'espaces publicitaires pharaoniques de la part de l'institution départementale. Et on ne peut pas dire que notre quotidien local soit ingrat en retour sur la couverture qu'il lui accorde, c'est le moins qu'on puisse dire! Il faut savoir que dans la principale salle de rédaction de Nice-Matin, route de Grenoble, la Une faisant état de l'accession de Cri-Cri au ministère de l'aménagement du territoire, est accrochée au mur.
Mais il semble que cette fois, Christian Estrosi soit allé trop loin en faisant imposer ce sondage la veille de l'inauguration du tramway. Michel Comboul, le PDG de Nice-Matin, a lui-même exprimé ses réticences même s'il a fini par se plier à la volonté de son actionnaire. Surtout, les journalistes ont exprimé un ras-le-bol face à des manipulations de plus en plus grossières. Aucun journaliste n'a voulu commenter le sondage et le SNJ s'est même fendu d'un communiqué pour dénoncer ces pratiques.
Hier, la confusion s'est amplifiée avec la révélation par Jacques Peyrat que le sondage qu'il a commandé à l'institut CSA pour son usage personnel, et qui était jusqu'à présent secret-défense, créditait Christian Estrosi de "seulement" 34% des voix et lui-même de 16%, sans préciser la configuration ni le score des autres prétendants. Or, s'il dit vrai, vu les pourcentages restant à attribuer, on peut en conclure que le candidat socialiste, Patrick Allemand, ne doit pas être très loin d'Estrosi.
Quoi qu'il en soit, Eric Ciotti a immédiatement saisi la commission des sondages pour dénoncer ce qu'il considère comme une manipulation du maire.
Cette fois, la guerre a bel et bien commencé. Pour l'instant, on se bat à coup de sondages. Mais bientôt on sortira l'artillerie lourde : les dossiers noirs.