"La Scoumoune" retente sa chance
Il est des personnages quasi inconnus du grand public qui font pourtant le sel de la vie politique. Pierre-Paul Léonelli, dit "La Scoumoune", en fait incontestablement partie. Cet apparatchik de l'UMP, au physique de commissaire de police des années 50, est une légende dans le milieu. Une légende noire. Car le pauvre homme est poursuivi par une véritable malédiction électorale.
Homme de l'ombre très influent dans l'appareil du RPR, il avait obtenu en 1998 l'investiture de son parti et des autres formations de la droite dans le 12ème canton (Bon Voyage-Mont Boron-Col de Villefranche). Un canton a priori imperdable pour la droite, d'autant qu'à l'époque, la gauche n'en détenait aucun à Nice. Sauf que du fait d'une dissidence peyratiste et du taux de participation décevant, seuls les deux candidats arrivés en 1ère et 2ème position purent se maintenir : Patrick Allemand (qui l'emportera) et le frontiste Gilbert Pigli. Il manqua quelques dizaines de voix à PP Léonelli.
Nullement découragé, il jette en 2001 son dévolu sur le 2ème canton et une nouvelle fois il obtient l'investiture des partis de droite. Cette fois, c'est sûr, il ne peut rien lui arriver dans ce quartier bourgeois du centre-ville. Et une fois la victoire acquise, il pourra s'appuyer sur son influence dans l'appareil pour être le candidat de l'UMP aux élections législatives de 2002 dans la 1ère circonscription.
La candidature dissidente de Jean Icart, le conseiller général sortant, apparaît anecdotique car il est certain d'arriver en tête au premier tour dans un canton où le FN est faible. Une certitude qui, d'ailleurs, se vérifiera. Mas une fois encore un grain de sable va venir enrayer la machine! Ce grain de sable c'est la candidate écologiste soutenue par le PS, J. Hocquaux, qui devait en toute logique l'affronter au 2ème tour, mais qui refusera de la façon la plus irrationnelle qui soit le soutien des socialistes! Du coup, les voix de la gauche se partageant équitablement entre la verte et le candidat communiste (15% chacun), c'est Jean Icart qui avec 17% des suffrages accédera au 2ème tour!
Et ce n'est pas terminé. Car logiquement, avec plus de 25% des voix au 1er tour, Léonelli devait quand même gagner ce duel, l'électorat de droite ayant montré lors du 1er tour qu'il était plutôt légitimiste, en dépit de l'honnête résistance d'Icart. Mais il était dit que la malchance le poursuivrait jusqu'au bout. Il se trouve que cette élection a lieu en même temps que les élections municipales, où une fronde anti-Peyrat de droite s'est constituée entre les deux tours et certains grincheux RPR et UDF soutiennent implicitement Patrick Mottard, alors candidat du PS. Des grincheux dont fait partie Jean Icart, qui sera remercié de sa mauvaise humeur par les voix de gauche au second tour de la cantonale et l'emportera 51-49. La légende de Pierre-Paul "la scoumoune" Léonelli était née!
Mais à l'image de Pierre Richard dans ses rôles de guignard, la poisse n'a jamais eu raison de son optimisme. Et après quelques années à l'ombre (au secrétariat général de la mairie de La Trinité et à la direction de campagne d'Eric Ciotti), Pierre-Paul a de nouveau des fourmis dans les jambes. La semaine dernière, il a officiellement sollicité l'investiture UMP dans le 2ème canton. Une annonce qui a précipité l'annonce du ralliement de Jean Icart à Christian Estrosi. On ne sait jamais, la scoumoune n'est peut-être pas éternelle. En tout cas, la légende, elle, est toujours en marche.
Pierre-Paul Léonelli