Tous les garçons s'appellent Patrick

Ce titre d'un court-métrage de Jean-Luc Godard sur lequel je suis tombé par hasard il y a quelques jours m'a donné l'idée d'un portrait croisé des frères ennemis de la gauche niçoise, Patrick Allemand, le candidat investi par le PS, et Patrick Mottard, l'ancien porte-parole devenu dissident.

A première vue, leur seul point commun semble être leur prénom tant ils paraissent différents l'un de l'autre, comme le soulignait l'article de Jean-François Roubaud dans le Nice-Matin d'hier, qui s'amusait à jeter de l'huile sur le feu. Entre "le bobo un peu baba" fabiusien libertaire débraillé et le 1er vice-président de la Région rocardien et proche des milieux économiques, il est vrai qu'il existe un fossé culturel, au-delà du choc de leurs ambitions.

Quand l'un fréquente les milieux cinéphiles et culturels alternatifs, l'autre se fait apprécier des entrepreneurs et ne rechigne pas à assister aux cérémonies religieuses officielles. Né en Bourgogne, Patrick Mottard a une relation faite d'abstactions avec Nice. Cela est très visible dans son livre "Fragments de Nice", il identifie la ville à sa propre expérience de déraciné. Niçois de naissance, Patrick Allemand comprend sans doute mieux Nice dans sa complexité et ses contradictions. Il incarne aussi davantage le caractère niçois, tantôt chaleureux tantôt taciturne.

Mais les deux hommes partagent la même détermination. On entend souvent que Patrick Mottard est trop gentil pour faire de la politique. L'homme est incontestablement affable, mais la détermination et l'ambition qui l'animent sont plus fortes que tout. Une élue socialiste me confiait récemment : "quand Patrick veut quelque chose, il est prêt à tout pour l'avoir. C'est ce que nous avons sous-estimé". Depuis mars 2001, jouer la revanche est devenu son obsession. Peu importe que la situation politique ait considérablement évolué entre-temps, il veut être et sera candidat, coute que coute. Pour lui-même. Et pour la gauche.

Patrick Allemand ne lui envie rien en terme de détermination même s'il peut mettre du temps à accepter le conflit. Ancien bon cycliste amateur, il a une capacité de résistance au-dessus de la moyenne. Plus absorbé par la politique, il a une discipline de travail que n'a pas Patrick Mottard, que l'on a souvent présenté comme faisant de la politique en dilettante et se reposant sur le travail de fond de Jean-François Knecht au Conseil Municipal.

Chacun désormais est au devant de son destin. Sans doute tout cela finira t'il tragiquement. Patrick Mottard est dans la position du kamikaze avec des explosifs plein la ceinture et le détonateur dans la main. Et apparemment il n'a pas peur de mourir pourvu qu'il ne soit pas seul. C'est avec cette épée de Damoclès permanente que Patrick Allemand va affronter le défi de sa vie. On lui souhaite bien du courage.

Comments

[Sacha]

Il est aussi possible qu'il ne fasse sauter que lui-même et les pauvres bougres qu'il a entrainé avec lui. Une sorte de Waco ou de Temple Solaire bis!!

[Jaquou]

"Courageux mais en même temps suicidaire", c'est pour moi la définition d'un kamikaze mon cher Militant. Si vous en avez une autre...

[Militant]

Il faudrait peut-être arrêter de poser Patrick Mottard soit en victime ou là plus particulièrement en "kamikaze"... Ce qu'il a osé faire était certes courageux de sa part mais en même temps suicidaire pour la gauche. Nous savons bien qu'Estrosi va se présenter. Nous savons bien que le pseudo sondage n'est pas fiable mais commandité par l'UMP pour conforter la candidature d'Estrosi.
Il est encore trop tôt pour un tel sondage !

Et je pense également qu'il faut aussi arrêter de le poser comme un "gentil". Il a tout plein de qualités mais je ne le crois pas posséder les qualités de Maire.

Quant à cette remarque faite par une élue socialiste :
"quand Patrick veut quelque chose, il est prêt à tout pour l'avoir. C'est ce que nous avons sous-estimé"
J'en suis absolument certain... A tout...

Est-ce forcément une qualité ?