Le dindon de la farce
Rudy Salles a beau faire sa chochotte, il n'aura pas d'autre choix que de se coucher et de rallier la liste conduite par Christian Estrosi, son compagnon de couveuse au temps glorieux où tous deux étaient les bébés Médecin. En 1995, sa candidature avait tourné l'humiliation (il avait fait autour de 2% si mes souvenirs sont bons) et en mars prochain, coincé entre les listes Peyrat et Estrosi, il aurait toutes les chances de revivre le même cauchemar. L'important aujourd'hui est donc de faire monter les enchères en faisant planer le doute sur une éventuelle candidature, à laquelle malheureusement pour son entreprise de bluff, plus grand monde ne croit.
Son premier objectif est d'avoir le maximum d'influence sur la future liste Estrosi. Pour cela, il veut s'assurer qu'il y ait le moins de transfuges possible de l'équipe Peyrat car à n'en pas douter les places seront chères et si Christian Estrosi veut recaser les hommes - et femmes - clés de la précédente équipe pour asphyxier le maire sortant, elles seront carrément hors de prix.
Deuxième objectif : avoir la peau d'Olivier Bettati qui ambitionnait d'obtenir l'investiture de l'UMP dans la 3ème circonscription avant que Rudy Salles gagne le précieux sésame en trahissant sans vergogne François Bayrou. Bettati pourrait payer les pots cassés et devenir à peu de frais le symbole de la rupture avec l'ancien système. C'est à cette lumière qu'il fallait lire son communiqué de soutien à Christian Estrosi pour les municipales (et à Jacques Peyrat pour les sénatoriales, histoire de faire passer le tout avec un peu de vaseline).
Le conseiller général du 8ème canton sera d'autant plus facilement le dindon de la farce que constitue le poker menteur d'Estrosi et de Salles que d'une part, il est jeune et ne pourra prendre le risque de briser sa carrière en rejoignant Jacques Peyrat et que d'autre part, Christian Estrosi lui voue une haine tenace depuis 1994 quand le tout jeune Bettati lui avait subtilisé l'investiture du RPR, puis la victoire, dans le 8ème canton, grâce à l'intervention personnelle de Jacques Chirac ravi de dessouder un balladurien en difficulté (quand on peut rendre service...). Cette défaite avait été le point d'orgue de la traversée du désert du secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer entre 1993 et 1997 et le bougre ne l'avait pas oublié. Rudy Salles n'avait pas besoin de lui rafraîchir la mémoire, mais le député de la 3ème circonscription lui donne une occasion en or de montrer que la vengeance est un plat qui se mange froid.