Peyrat-Rivière : la réconciliation ?

Les deux hommes ont été sévèrement brouillés. Ces dernières semaines, ils se seraient rapprochés, au point qu'on parle désormais d'un ticket Peyrat-Rivière pour les municipales.

Les raisons de ce rapprochement sont doubles. En premier lieu, la querelle n'avait rien d'idéologique et au contraire les deux hommes se retrouvent sur un même fond doctrinal très marqué à droite. Le patriotisme, les valeurs familiales, la défense de la chrétienté menacée par le marxisme enseignant et les invasions barbares, ils y croient dur comme fer.

En fait, cette brouille avait pour point de départ l'ambition de Jérôme Rivière qui, après avoir été élu député UMP de la 1ère circonscription aux dépens notamment de Gilbert Stellardo, ancien 1er adjoint de Peyrat aujourd'hui en disgrâce, a cru très fort en son destin municipal. Peyrat impopulaire, Stellardo marginalisé, Salles trop centriste, Estrosi à Paris, il s'était senti pousser des ailes et a donc fait feu de tout bois contre le maire pendant de longs mois. Sa sévère défaite aux dernières législatives, en dépit d'une bonne campagne, l'a obligé à revoir ses objectifs considérablement à la baisse.

Cela nous amène à la deuxième raison de ce rapprochement - la principale : la haine commune du clan Estrosi. La dureté de la campagne législative dans la 1ère circonscription a été inimaginable. Les colleurs d'affiche d'Eric Ciotti et de Jérôme Rivière se sont plusieurs fois affrontés physiquement, les permanences de l'un et de l'autre ont été vandalisés à quelques jours d'intervalle et les tracts diffamatoires ont plu de tous les côtés. Eric Ciotti soupçonne le député sortant d'être allé particulièrement loin dans ce sordide exercice en s'aventurant sur le terrain de la vie privée. Si Jérôme Rivière a spontanément appelé à voter Ciotti dès le lendemain du 1er tour, l'affrontement a laissé des traces. Patrick Allemand, le candidat socialiste, aurait reçu des messages d'encouragement pour le moins surprenants entre les deux tours.

Indésirable à l'UMP pour un long moment, Jérôme Rivière, dont l'ascension avait été très rapide, repart de zéro. Et le seul tremplin disponible est aujourd'hui Jacques Peyrat. Ce n'est sans doute pas le pari le moins risqué mais il n'y a pas d'autres choix à court terme, et la faiblesse actuelle du FN pourrait leur ouvrir un espace politique plus large que prévu.

Reste aux deux hommes à ranger définitivement leur rancune au placard. Les connaissant, rien n'est moins sûr et une nouvelle brouille n'est pas à exclure.